L’invasion des planches asiatiques est en pleine expension, c’est un fait. Certains pensent que cela va être très dur pour les shapers indépendants.
Je me suis donc rendu en normandie, à LES PIEUX dans la Manche pour avoir l’avi d’un shaper indépendant Thierry Huaux de BOOSTER SURFBOARDS.
C’est un Thierry toujours aussi sympathique, sans langue de bois qui m’a répondu depuis son shape room, j’en ai profité pour qu’il me racconte:

Once upon a time Booster surfboards…

INTERVIEW BOOSTER SURFBOARD

1-Bonjour Thierry et merci de nous recevoir dans ton antre, alors combien d ‘années dans le shape?
Salut, tout commence en 83, j’ai acheté mon premier pain de mousse chez BARLAND, un 6”7. J’avais shapé une 5”11, mon premier thruster (tri fins), il marchait bien! (rires)
Je vis de la fabrication de planches de surfs depuis 87.
J’ai commencé à shaper dans mon garage et je faisais des surfs et des windsurfs pour les copains, et vu que les planches marchaient bien, j’en ai fait une puis deux…

2- Quelle est ta production annuelle?
Je produis environ 100 boards à l’année, surfs et maintenant kite surfs directionnels de vagues.
Je vends aux particuliers à 100% de ma production, du grand ouest au nord, Haute et Basse Normandie, ainsi qu’au clients allemands et belges qui surfent en Hollande
Pour résumer je travaille plutôt au dessus de la Gironde…(rires)
Je travaille seul, je fais tout de A à Z.

3- Quel est le produit le plus populaire du moment?
Sans hésiter le rétro fish! parce qu’il est façile, performant et peu encombrant.
Après y’a le quad mais c’est purement marketing je pense. Le tri fin reste le top, par contre le quad reste intéressant en kite surf.

4- Comment as tu découvert le surf?
C’est en 71, ma mère est landaise, ont passait les étés à BISCAROSSE.
Cette année là on est tombé sur des australiens qui étaient en bus et qui bien évidemment avaient leurs planches de surf.
Aussitôt avec mes copains on a voulu s’y mettre mais on n’a pas pu car cela coûtait trop cher, en plus à l’époque on en trouvait que dans le Pays Basque.
Alors sans planche on faisait du body surfing.
J’ai acheté ma première planche de surf à La Torche.
C’était une PETER MC ALLOUN de la marque OCEAN MAGIC. Cette planche je l’avait achetée d’occasion 500 francs à l’époque! Une 7”2 single.
C’était en 81 je surfais l’été à ANGLET et en hiver à La Torche, à cette époque les vagues étaient vierges de surfers! (rires)

5- Comment es-tu venu à créer ta marque?
Je travaillais dans l’industrie composite en Bretagne, ensuite dans la plaisance au Bassin d’Arcachon à La Teste au Yoating France dans l’atelier prototype.
J’étais à l’époque stratifieur mouliste.
En 87 je suis rentré chez PSM comme ponceur et sprayeur.
C’est en 89 que j’ai créer la marque de surf BOOSTER à BIDART.
J’ai choisis le nom pour l’intonnation anglaise à l’époque. Je ne pensais pas que le nom deviendrait à la mode dans les scooters, micro-ondes, aspirateurs et parfums! (rires)
Je vendais mes planches BOOSTER dans l’atelier PSM directement aux clients.
Ca à créer ma propre clientèle à qui j’ai vendu directement plus tard.
Je revendais mon stock en trop chez RAINBOW le surf shop d’eric bourre, situé aux 5 cantons ANGLET.
L’hiver 89, j’ai décidé de partir dans la prequ’île du Cotentin à Les Pieux.
J’avais découvert les spots et le potentiel de vagues en 84.
La prequ’île du Cotentin, avec la préhistoire du surf et Jersey en face (2500 surfers à l’époque), je me suis dis: Y’A MOYEN! (rires).
En plus ma femme est normande, en fait c’est à cause d’ELLE! (rires)

Juillet 90 est le début de l’activité de BOOSTER SURFBOARDS à Les PIEUX.
Il y avait à l’époque 50 surfeurs, LE CHALLENGE! (rires)

6- Ton maître shaper?
C’est très difficile comme question, je dirais…..Jeff BUCHMAN (HAW), le shaper de Ross Clarke JONES c’est le plus intéressant en matière de shape je pense.

7- Quel est le surfeur le plus impressionant pour toi?
Matt Archbold! En plus de ça je le connais bien
Je l’ai drivé toute une semaine avec son shaper RICHO (Terry RICHARDSON) en 87 à BIARRITZ pendant le championnat du monde de surf .BIARRITZ était encore une étape du championat à l’époque.
Je me souviens qu’ARCHY envoyer des airs par dessus les mecs qui remontaient au line up!
Enorme.

8- Une planche déco glacée pour KELLY SLATER dans l’atelier BOOSTER, raconte un peu…
Ouais, en fait un jour un australien débarque dans mon atelier, il s’appelle DHINAWAN (Michael BAKER), artiste aborigène, il avait shapé deux planches avec ses décos à glacer.
Il m’a dit qu’elles étaient faites pour Kelly Slater et Luke EGAN.
J’y croyais pas trop mais j’ai fini le boulot et j’ai été payé.Le gars était sympa.
Un mois plus tard, sa femme, une Cherbourgeoise, m’a fait la gentillesse de me faire parvenir une photo de Kelly avec la planche!
Il y a donc une planche qui trône dans le salon de Kelly avec le logo BOOSTER , une planche bibelot!(rires).

9- Ton aventure avec KANA BEACH.
J’ai passé 5 ans a collaborer avec KANA.
C’est un de leurs team rider, Greg SALAUN champion de BRETAGNE au fort potentiel, qui est venu me voir pour surfer des planches BOOSTER.On a bien accroché.
Il est devenu un surfeur de mon team et en même temps mes planches étaient vendues dans le surf shop KANA de Brest.

10- Comment vois tu l’avenir des shapers avec l’arrivée des planches chinoises, le surftech, le tuff lite?
C’est évident que pour les shapers locaux indépendants, la situation est difficile. On le vois tout de suite avec les ventes qui sont moins forte que l’année passée.
A mon avis, certains shapers sont amenés à disparaître. Ca s’explique d’une part par la chute du pouvoir d’achat des plus jeunes qui représentent notre clientèle principale.Ils ont déjа du mal à payer leurs factures, boucler leur fins de mois alors je vois mal comment ils vont mettre 500 ou même 300 euros dans une planche de surf !
On remarque clairement que pour nous, la clientèle shortboard qui est notre principale, met un frein au renouvellement de ses planches. Il y a une baisse à ce niveau malgrès la clientèle locale qui est suivie.
D’autre part on est envahis par les planches chinoises!
En fait en résumé ce qui est inquiétant cette saison c’est l’invasion des planches chinoise mais bonne nouvelle, les réparations des planches asiatiques sont en hausses! (rires)
Après je ne pense pas que ce soit vraiment la concurrence du surftech qui pose problème parce que le surftech , justement s’adresse à une clientèle au fort pouvoir d’achat, les planches sont vendues 200 euros environs plus cheres que les nôtres.
La planche chinoise encore une fois est le gros danger pour les 2 à 3 ans qui viennent.
Ces planches sont de mauvaise qualité, mais bon ,ça brille et c’est nettement moins cher que nous. Les néophytes du surf et les gamin qui n’y connaissent rien vont obligatoirement se diriger vers ce type de produits et c’est normal avec l’explosion du surf.
Mais bon ces planches sont fragiles, donc on a beaucoup de réparations, et les primo acquéreurs des planches se dirigent vers nous et deviennent clients.
Il y en a pour 2 à 3 ans je pense parce que eux aussi vont rencontrer des difficultés avec la hauuse des coûts de frêts et des flux maritime, ils leur restera des stock qu’ils ne pourront pas écouler et eux aussi seront amenés à disparaître.
Pour nous le plus dûr sera de tenir jusque cela arrive.(rire)

11- Aurais tu une sollution au problème?
La difficulté majeur pour nous actuellement c’est de trouver les clients.
Pour ça il faudrait qu’on communique plus dans les médias par exemple.
T’ouvres un magazine de surf français ou même étranger, et du vois clairement que les planches asiatiques et le surftech sont plus présent que nous, ils ont parfois des doubles pages couleurs, et nous il évident qu’on a pas la trésorerie suffisante pour communiquer aussi quantitativement et qualitativement.
On a besoin de ces budget pour les matériaux

12- tes espérance pour le futur du métier et du shape lui même?
Il faut revaloriser notre travail du SUR MESURE, en créant un label artisan shaper.
Je ne vois pas pourquoi c’est pas le cas en France parce qu’au US et en AUSTRALIE c’est obligatoire.
Il faut stipuler clairement sur la board l’origine du produit. Et c’est à l’EUROPE de faire stipuler made in china ou autre pays, sur tous ses articles de sports (tous les surfs qui rentrent: us, aus…)
Avec un stickers apposé sur les boards dans les racks des surfshop, le gamin qui rentre s’acheter une planche verrait où c’est fait et ce serait plus réglo là, il ne se ferait pas avoir.
Donc pour mes espérances, c’est: DU BOULOT, DU BOULOT, pour les shapers indépendants pour qu’on continue à vendre des planches de qualité sans avoir à brader notre travail
Mais il y aura toujours du travail j’en suis sûre pour le sur mesure.
Concernant le shape, cela avance toujours mieux.
Les grandes lignes sont tracées , maintenant les matériaux vont évoluer, les pains paraboliques la recherche du flex…

13- Un dernier mot sur le kite surf et ton champion du monde BRUNO SROKA sur BOOSTER?
J’en fait depuis 3ans essentiellement pout les pro riders.
Ils sont venus me voir directement au début pour des planches de surf d’enfants avec lesquelles surfer les vaques en kite surf.
Je fais aujourd’hui des kite surf directionnels de vagues pour Fabienne d’ORTOLLI double championne du monde et Bruno Sroka qui est champion de France d’EUROPE et du monde sur booster surfboard.
J’ai une planche booster qui vient de passer le cap Horn avec BRUNO (rire)

14- Le cotentin surf club?
C’est un très bon club, de bons entraîneurs, sympa, un bon encadrement pour les jeunes.

15- Vidéo ?
YOUNG GUNS 3

16- Vagues préférées?
Pour la France,en beach break , les Landes et en Point break GUETHARRY
Au niveau Mondial JEFFREY’S BAY

17- Quels ont été tes trips?
J’ai fait l’Espagne, le Portugal, l’angleterre, la californie, baja mais le meilleur reste le Mexique avec Rio Next Pa, des vagues parfaites qui déroulent sur 200m sur des galets et les gens supers!

18- Le surfeur le plus novateur?
KELLY SLATER, c’est le meilleurs compétiteur et le meilleur surfer en plus le mec est super…
Je dirais aussi le jeune Clay Marzo

Merci Thierry et Boujou comme on dit en Normandie!

Interview et photos par Johann Mouchel